D’UN RÊVE DE BEAUTÉ AU CAUCHEMAR…
Nous sommes tous en quête de beauté et de jouvence et l’image idéale de ce rêve est largement véhiculée par les médias et le cinéma, ouvrant un confortable chemin pour la promotion des produits cosmétiques. Or, contrairement aux médicaments, la publicité des produits cosmétiques est directement adressée au consommateur, par tous les canaux publicitaires, et n’a souvent aucune contrainte réglementaire ou de contrôle.
En effet, si le système de développement, de mise sur le marché, de distribution et d’utilisation des médicaments subit une réglementation de plus en plus stricte, cette réglementation est absente pour les cosmétiques au Maroc. Se rajoutent à cela l’inaccessibilité financière aux cosmétiques de qualité et le faible niveau éducationnel d’une certaine tranche de la population.
C’est ainsi que la dispensation des produits cosmétiques au Maroc, auparavant réservée au pharmacien, semble aujourd’hui échapper à tout contrôle.
Des points de vente se développent partout. Si une minorité parmi eux semble répondre aux normes internationales, d’autres se font dans une anarchie totale : Souk Elfellah à Oujda, Derb Ghallef à Casablanca et Akkari à Rabat sont des exemples inquiétants et en pleine expansion.
L’absence de contrôle fait aussi que le marché est permissif à des produits qui sont de très mauvaise qualité, voire dangereux. Les produits de contrefaçon fabriqués au Maroc ou importés d’Asie sont vendus à des prix symboliques et peuvent contenir des composés interdits ou controversés à l’échelle internationale tels que parabènes, formaldéhyde, éther glycol, aluminium, paraphénylène diamine, pesticides, corticoïdes, etc.
Les statistiques sur les intoxications par les produits cosmétiques au Maroc révèlent par ailleurs un profil très différent des données internationales, reflétant des pratiques irrationnelles et un engouement aveugle de la population marocaine pour des produits pas chers, non contrôlés et souvent objets de publicité mensongère.
Nous souhaitons, par ce numéro, interpeller les professionnels de santé pour la notification des accidents liés aux produits cosmétiques le seul moyen actuellement d’en estimer le type et l’importance- ainsi que les instances réglementaires pour la mise en place d’un arsenal juridique protégeant les consommateurs.
Pr Rachida Soulaymani-Bencheikh
Directrice de Publication
Source: Toxicologie Maroc